“La maison qui voulait parler” est une pièce en céramique de couleur rose chair mêlant passementerie et une langue en velours rouge. Cette œuvre présente un côté cartoonesque par sa langue et l’énorme nœud qui la tord.
Ce gros nœud en son centre, au-delà de l’humour, évoque le fait que cette maison est empêchée de parler. Avec cette pièce, je souhaitais évoquer la condition des femmes, longtemps recluse dans leur foyer et dont la parole était confisquée ou encore non prise en compte. L'hystérie telle qu'elle a été définie au temps de Charcot et de Freud, est d'ailleurs une pathologie liée à une parole non-dite, un conflit intérieur qui n'est pas mis en mot. Il faut d’ailleurs savoir que Freud pensait, au tout début de sa réflexion sur l’hystérie, que les crises provenaient de traumatismes dus à des abus sexuels subis par ses patientes. Il a ensuite changé d'avis au regard du grand nombre de récits qu'il rencontrait (mais cela est aussi dû à son éducation puritaine) pour évoquer plutôt des fantasmes sexuels non réalisés. Aujourd'hui, au vu de la parole qui se libère face aux violences sexuelles et à l'inceste, on peut penser que la première idée de Freud était bien la bonne. Les paroles d'Augustine, modèle préféré de Charcot à la Salpêtrière, ne laissent d’ailleurs que peu de doute à ce sujet. Elles sont très explicites. Cela souligne, par ailleurs, encore une fois que la parole n’était des femmes n'était pas entendue ou considérée.