Arsenal est une collection d’objets typiquement attribués aux femmes : aiguilles à tricoter, aiguille à coudre, bijoux, broche, pince et pique à cheveux, etc. Dans la lignée des installations murales “Se défendre” et “Armurerie”, cette œuvre se réfère à l’essai de la philosophe Elsa Dorlin : “Se défendre - Une philosophie de la violence”. Comme l’auteur le met en évidence dans le livre, la capacité de se défendre a été retirée aux populations minorisées comme les peuples colonisés ou encore les femmes. Pour Elsa Dorlin, il ne s'agit pas tant d'apprendre à se battre, que de désapprendre à ne pas se battre.
En présentant cette collection, je souhaitais souligner cette possibilité de dévoyer de leur fonction première des objets traditionnellement utilisés par les femmes pour leurs loisirs ou pour soigner leur apparence. D’apparence inoffensifs et anodins, ceux-ci pourraient devenir de véritables armes d’autodéfense. C’est par ailleurs bien ce qui s’est passé avec le mouvement des suffragistes britanniques au début du XXème siècle. Celles-ci se sont non seulement mises à expérimenter et pratiquer le Ju-Jitsu afin de se défendre des brutalités policières, mais aussi ont détourné de leur usage premier des objets familiers (parapluie, épingle, broche, manteau, talon).
Intituler "Arsenal” une collection d'objets aussi dérisoires est bien sûr plein de sous-entendus ironiques. L'idée était avant tout de se référer aux titres que l'on découvre de manière récurrente dans les journaux tels que : “Un arsenal de guerre découvert dans un appartement à Marseille”, “Puy de dôme: un véritable arsenal de guerre découvert chez un militaire à la retraite”, “Seine-et-Marne : un arsenal de guerre chez un quinquagénaire ayant braqué 2 policiers”. On notera ainsi que ceux-ci ne concernent bien que des hommes et que cela deviendrait complétement incongru si une femme se mettait à avoir un tel comportement.
Cette réalisation a été réalisée en écho avec les installations murales Se défendre et Armurerie.