Sur une bâche en plastique bleue, des scènes maritimes sont brodées en blanc
telle l’écume sur la mer. Allant du radeau au trois-mâts, ces embarcations
semblent naviguer sans but apparent. Plusieurs époques se croisent sur un
même plan. On retrouve ainsi des scènes, issues du Moyen-âge ou de la
Renaissance côtoyant des embarcations de migrants surgies de notre époque
contemporaine. Les bateaux se frôlent sans jamais sembler se rencontrer. Ils
apparaissent comme des traces laissées tout au long de notre histoire.
Des maquettes de bateaux peintes en blanc sont suspendues dans l’espace et
font écho aux scènes brodées sur la bâche. Elles renvoient aux ex-voto dédiés
aux marins que l’on peut rencontrer dans certaines églises. Ceux-ci sont soit
offerts, pour se placer sous la protection divine, soit donnés en remerciements
par des marins à l’occasion de périls encourus en mer. Ces maquettes
reflètent l’incertitude quant aux destinées de ces traversées. Une fois la nuit
venue, l’installation prend d’ailleurs des allures fantomatiques. Les maquettes
et les broderies de bateau deviennent phosphorescentes soulignant par delà la
question des réminiscences de l’histoire et des tragédies vécues en mer.
Errances est un ode au voyage, au désir de découverte de nouvelles contrées
dans l’espoir d’une existence meilleure ou d’une nouvelle vie. Cependant
la terre promise ici se fait absente. Si elle apparaît, c’est en creux. Un
planisphère (Eldorado) est en effet découpé dans une couverture de survie.
Cette protection utilisée dans les situations d’urgence se révèle à la fois
précaire et vitale. En référence à la contrée mythique supposée regorger d’or,
la terre promise ici n’est qu’un mirage. Elle se fait absente. Si elle apparaît,
c’est en creux. La couverture de survie semble en effet rongée.