L’installation Errances comporte quatre bâches brodées de scènes maritimes.
Il s’agit d’embarcations, allant du radeau au trois-mâts, naviguant sans but apparent.
Plusieurs époques se croisent sur un même plan. On retrouve ainsi des scènes issues du Moyen-âge ou de la Renaissance
côtoyées des embarcations de migrants surgies de notre époque contemporaine.
Les bateaux se frôlent sans jamais sembler se rencontrer.
Ces scènes maritimes sont brodées en blanc telle l’écume sur la mer représentée par les bâches en plastique bleues.
Ils apparaissent comme des traces laissées tout au long de notre histoire. La broderie renoue avec sa fonction historique,
celle de raconter des histoires. Seulement, il n’y a ici ni début, ni fin. Seules des bribes historiques,
des scénettes sont représentées et laissées à l’appréciation du spectateur.
Errances se veut une ode au voyage, au désir de découverte de nouvelles contrées et par-delà à l’espoir d’une existence meilleure ou d’une nouvelle vie. Cependant, la terre promise ici se fait absente. Si elle apparaît, c’est en creux.
Un planisphère (Eldorado) dont les terres ont été découpées dans une couverture de survie, est suspendue entre ces étendues marines. La couverture de survie, de couleur or, semble ici rongée.
Au centre de la pièce, des bâches bleues assemblées en patchwork se présentent tel un tapis composite sur lequel de petits bateaux en papier doré tournent en rond. L’aspect géométrique de cette mer artificielle renvoie à l’aspect factice du découpage des territoires et de leur appropriation. La vulnérabilité de ces embarcations fait écho à la précarité des matériaux utilisés pour l’ensemble de l’installation. Elle se veut un reflet de l’incertitude quant aux destinées de ces traversées.
Une nouvelle version de cette installation a été créée pour la Borne, sur un appel à projet de Pays où le ciel est toujours bleu.
Salut
Rien, cette écume, vierge vers
À ne désigner que la coupe;
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l’envers.
Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l’avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d’hivers;
Une ivresse belle m’engage
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut
Solitude, récif, étoile
À n’importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.
Stéphane Mallarmé